La domination sournoise

Texte de Jean-Luc Gasnier le 14 fev 2022 pour AC ! Tonne special ATTAC 33
jeudi 17 février 2022
par  AC ! Gironde

Cette année encore, en pleine pandémie et à l’heure où le pouvoir d’achat de millions de Français est durement écorné par un effet de ciseaux résultant conjointement de la hausse des prix et de la stagnation des revenus, c’est le jack-pot pour les grandes entreprises françaises. Les bénéfices des multinationales cotées en bourse n’ont jamais été aussi élevés : aux alentours de 150 milliards d’euros en 2021 avec des gains parfois historiques pour certaines compagnies ; les patrons et les actionnaires peuvent sabler le champagne !

Dans une société bâtie pour le profit, le partage est une valeur inconnue ; comme dit le proverbe, “le bonheur des uns fait le malheur des autres “. Il y a bien longtemps que la bonne santé des transnationales n’est plus synonyme de mieux-être pour les habitants de cette planète. Le capitalisme financier aboutit à la paupérisation d’une grande partie de la population et au saccage de l’environnement. L’ordre néolibéral étend sa toile avec obstination, en fixant lui-même, en dehors de tout processus démocratique, les règles du jeu économique. Les lobbies au service de la grande industrie et de la finance édifient petit à petit, avec le concours des dirigeants en place, des règles qui les avantagent et notamment tout un ensemble de traités et d’accords de libre-échange qui finissent par enserrer les sociétés dans un carcan indépassable. Grâce à ces accords, les firmes transnationales étendent leurs marchés, gagnent en puissance et en influence, et imposent leurs stratégies de conquête et leurs intérêts face aux États au détriment des biens communs et de l’intérêt général.

Les dispositifs juridiques contenus dans les Accords de libre-échange leur assurent une domination paisible et sournoise car ils sont négociés dans l’ombre des bureaux ministériels, à l’abri des projecteurs et dans le plus grand secret.

Certaines transnationales ont sans nul doute désormais plus de pouvoir et de moyens que bon nombre de pays. Il y a les GAFA bien sûr dont on parle beaucoup par ces temps de distanciation physique et de recours forcé au numérique mais il y a aussi les grandes institutions financières, les grandes banques qui sont au centre d’un réseau serré et entremêlé d’entreprises par le biais de participations croisées leur permettant d’orienter en permanence la vie économique et d’augmenter sa toxicité chronique.

Ces entreprises, qui sont implantées un peu partout dans le monde, sont quasiment les seules bénéficiaires des accords de libre-échange entre pays. Avec ces outils qui visent à établir un commerce aussi dérégulé que possible, un dumping social, sanitaire et environnemental est organisé et légalisé afin de réduire leurs coûts de production et maximiser leurs profits. Même les consommateurs finissent toujours par en subir les conséquences en retour.

Le surplus de croissance généré par la libéralisation des échanges - qui est souvent le principal argument des tenants d’une mondialisation dérégulée - ne débouche pas sur une amélioration des conditions de vie du plus grand nombre mais au contraire sur un accroissement marqué des inégalités et sur une dégradation accélérée de notre environnement.

Texte de Jean-Luc Gasnier le 14 fev 2022 pour AC ! Tonne special ATTAC 33


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