Libéralisme déchaîné
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Cette nouvelle réforme de l’assurance chômage (qui n’est peut-être pas la dernière ?), en matière de répression disciplinaire franchit le mur du son de l’idéologie libérale.
Détaillons.
Pour espérer avoir accès aux maigres allocations, il faudra avoir travaillé 8 mois sur les 20 précédant la sollicitation des allocs, auparavant, c’était 6 sur 24. La durée du maximum du versement sera de 15 mois, 18 avant cette calamiteuse restriction.
Pour ajouter à l’incertitude on tiendra compte du taux de chômage, si ça baisse en dessous de 9 %, la durée de l’allocation sera réduite de 25 % (un quart !). Les seniors privés d’emploi, on les incitera à postuler à un poste même à un niveau inférieur à leur précédent salaire, l’Unédic versera un complément (jusqu’à 3000 euros). C’est une subvention supplémentaire aux entreprises qui en sont déjà gavées. Les plus de 57 ans (53 actuellement) auront droit à une indemnisation écourtée : 22 mois, contre 27 aujourd’hui.
Synthèse : accès sélectif pour les maigres allocs, durée réduite, montant fluctuant,… beau travail ! Façon de dire...
Les saisonniers, intérimaires à courtes missions, les extras dans l’hôtellerie-restauration, les jeunes en CDD,… nombreux sont ceux qui ne pourront faire valoir les 8 mois préalables au « bénéfice » de l’ARE.
Les effectifs des « bénéficiaires » du Rsa vont, bientôt croître démesurément.
Avec, rappelons-le, 15 h hebdo d’activité de bénévolat obligatoire. Dernière minute : les ASS seront conservées pour… un certain temps ?
Traverser la rue… air connu
Sous la férule d’Attal 90 000 heureux élus retrouverons du boulot ? (Prévision des conséquences préjugées bénéfiques de la sévère réforme.)
Pour quel salaire ? Quelles seront les conditions de travail ?
Questions superflues, indécentes : quand on est dans le besoin on ne conteste pas, on ne pense guère.
C’est étudié pour. Il s’agit de faire traverser la rue… pour faire le trottoir ?
Les tauliers du Médef, les maastrichtiens de l’UE se frottent les mains et aux investisseurs de la mondialisation clament, hilares : Approchez ! Approchez ! Nous avons du prolétaire pas cher !
Moins de la moitié des demandeurs d’emploi sont indemnisés (40%) et pour un montant mensuel moyen aux alentours de 1000 euros. Coûteux pactole pour l’Unédic dont le budget est en excédent… on a tant économisé...
L’économie de marché non entravée, la maastrichtienne mantra trouve avec le duo Attal-Macron (et quelques complices avisés) de pointilleux exécutants.
Les 3,6 milliards dérobés aux chômeurs ne serviront-ils à combler, insuffisamment, mais c’est bon prendre, le déficit public (5,5 % du Pib) ?
C’est l’effet planifié du libéralisme déchaîné, c’est à dire libéré des entraves à son plein développement qu’étaient les bienfaits, pour lui toxiques, de l’État Providence : salaires négociés, sécurité sociale non viciée par les assurances privées (mutuelles onéreuses..), retraite à 60 ans acquise en … 1982, avant la conversion du PS au libéralisme, baisse tendancielle du temps de travail, les 35 heures,… Histoire ancienne.
Sous l’égide et l’impulsion de l’UE, l’abolition des frontières, par délocalisation ou importation de main-d’œuvre à bon marché, est en voie d’achèvement. L’armée industrielle de réserve est devenue planétaire.
Le rêve séculaire du capitalisme.
La férocité des libéraux se déchaîne au moment historique ou les méthodes productives, avec la robotisation dopées à l’IA vont subir une disruption destructive.*
C’est par millions que vont disparaître les emplois. Les classes moyennes voire supérieures commencent déjà à sentir le vent de la tempête qui grossit. La documentation est abondante sur cette disruption destructrice.
La ploutocratie « globalisatrice », informée par des cohortes d’experts redoute le raz-de-marée dans lesquels pourrait s’engloutir ses privilèges. La répression qui se montre dissimule les inquiétudes qui croissent.
Monsieur Attal lui même est inquiet : « … un système qui s’est organisé pour la multiplication de petits contrats, entre lesquels on bénéfice du chômage . »
L’on pressent une résistance diffuse aux boulots à con - bullshit jobs, dans la
la langue de Graeber. Le « bénéfice » du chômage permet à certains, les plus malins, l’usage d’un temps non contrôlé, non rentabilisé. Pouvoir d’achat réduit, mais vies augmentées.
Un retour, une résurgence de « l’Allergie au travail » diagnostiquée dans les années 70 ? C’est le cauchemard des libéraux liberticides.
Périlleuse période : « L’ancien meurt, le nouveau ne peut naître. En ces temps d’incertitude sommeillent les monstres. » pressentait un italien, bien avant l’édification de l’Union Européenne.
Pour la suite, rien n’est écrit.
AC ! Paris sud.