« Comment réagir contre le chômage et résister à la banalisation de l’injustice sociale ?  »
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Ce forum ouvert est organisé par AC ! Rhône, à Villeurbanne le mercredi 5 mai 2004.
En 1980, face à la crise de l’emploi, les analystes politiques français prévoyaient qu’on ne pourrait pas dépasser 4% de chômeurs sans que surgisse une crise politique majeure. Aujourd’hui en France, nous sommes capables de tolérer plus de 13% de chômeurs et probablement davantage. Que s’est-il passé ? Comment réagir ? Pour ce faire, nous chercherons à dégager ensemble, des perspectives de réflexions, d’actions, de luttes et de résistances individuelles et collectives.
Sont conviées à ce forum toutes personnes : chômeurs, salariés, retraités, ainsi que tout acteur des forces sociales, politiques, syndicales, associatives et citoyennes.
Invitée - Claire VILLIERS - membre fondateur d’AC ! et vice-Présidente du Conseil Régional d’Ile de France.
Un bilan de ce forum sera communiqué aux médias (presse et internet) et sera disponible au local d’AC ainsi que consultable sur ce site.
A la veille des élections européennes, nous comptons sur votre présence responsable.
Le mercredi 5 mai 2004 de 19 h 00 Ã 22 h 30
Centre Culturel de la Vie Associative de Villeurbanne
234 Cours Emile Zola - métro Flachet
Un groupe de personnes se réunit tous les mardis de 10 h à 12 h au local d’AC ! pour mettre en place ce forum. Le texte qui suit a été élaboré par des membres du groupe et donne une idée de ce qu’ils et elles souhaitent faire. Si vous êtes intéressé(e), n’hésitez pas à laisser un message à l’attention de Michel R. ou de Marina.
Quelques pistes de réflexion : en 1980, face à la crise de l’emploi, les analystes politiques français prévoyaient qu’on ne pourrait pas dépasser 4% de chômeurs sans que surgisse une crise politique majeure devant se manifester par des troubles sociaux susceptibles de déstabiliser l’Etat et la Société toute entière.
Aujourd’hui en France, nous sommes capables de tolérer plus de 13 % de chômeurs et probablement davantage.
Que s’est-il passé ? Essentiellement une évolution des réactions sociales à la souffrance et à l’injustice. Evolution qui se caractérise par l’atténuation des réactions d’indignation, de colère et de mobilisation collective pour l’action en faveur de la solidarité et de la justice. Une tolérance, une inaction, une résignation face à l’injustice et la souffrance d’autrui.
Cette évolution nul ne la conteste, on comprend mal comment une telle mutation politique a pu se produire en si peu de temps.
Dans cette perspective, il nous faudrait essayer de comprendre autrement que par l’absence d’utopie sociale alternative. La faiblesse de la mobilisation collective contre la souffrance, le problème est celui du développement de la tolérance à l’injustice. C’est justement l’absence de réaction collective, de mobilisation, qui rendent possible la poursuite du développement du chômage, de la précarité et de spoliations faites aux chômeurs. Le retournement politique qui consiste à placer la raison économique avant la raison politique n’est pas la cause de la démobilisation. Elle en est plutôt le résultat, caractérisé par la remise en cause du droit du travail et des acquis sociaux.
Ces nouvelles méthodes s’accompagnent non seulement de licenciements mais d’une brutalité dans le travail qui génère beaucoup de souffrance. Certes, on le dénonce, mais la dénonciation reste sans conséquence politique parce que sans mobilisation collective.
Peut-être que la dénonciation ne fonctionne que dans un sens inhabituel en conduisant à familiariser la société civile avec l’injustice, à domestiquer les réactions d’indignation et à favoriser la résignation, voire à constituer une préparation psychologique à subir le malheur, plutôt qu’à catalyser l’action politique.
Il s’agira lors de ce séminaire de réfléchir sur « les ressorts  » subjectifs de la domination.
Pourquoi les uns consentent-ils à subir la souffrance alors que d’autres consentent à infliger cette souffrance ?
Cette question se pose pour toutes les périodes du système économique libéral passé, présent et à venir ?
Faute de matériaux conceptuels pour analyser souffrance et défense, nous ne pouvons que dériver vers des conduites qui alimentent l’injustice et la font perdurer. Il nous faut penser la souffrance et la peur ainsi que leurs effets pervers.
La question de la justice ou de l’injustice implique d’abord la question de la responsabilité personnelle ; la responsabilité des dirigeants et notre responsabilité personnelle sont-elles ou non impliquées dans l’injustice ?
Comment faisons-nous pour tolérer l’intolérable ! Pour tolérer le sort réservé aux chômeurs, aux exclus dont le nombre ne cesse de croître. Comment parvenons-nous à accepter docilement des contraintes de travail toujours plus dures, dont nous savons bien qu’elles mettent en péril notre intégrité physique et mentale. Quelles sont les ressorts de cet étrange consentement ? Cette intégration de la domination et de la soumission . Pourquoi faisons nous fonctionner le système en nous infligeant à nous-même cette souffrance ?
Les concepts, tels que « LA BANALISATION DU MAL  » ou la « DISTORSION  » peuvent peut-être permettre de mettre à jour le processus qui fonctionne comme un piège.
Faut-il d’abord pouvoir penser la souffrance pour envisager la possibilité de l’action ?
Comment échapper à la pensée de la fatalité et dégager des perspectives de pensées et d’actions individuelles et collectives ?
Comment organiser une résistance joyeuse et sortir ensemble du silence ?