Appels pour un campement « No Border  »
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C’est d’abord un réseau, dont les objectifs sont d’agir concrètement contre le contrôle d’État et les différentes formes d’exploitation des migrant-e-s et des populations ; littéralement : « pas de frontières  ». S’y retrouvent des collectifs de divers pays, parmi lesquels des groupes autonomes d’immigré-e-s ou de sans-papier-e-s.
Le « No Border  », c’est aussi un campement régulier, lancé par le réseau du même nom, dans un endroit différent à chaque fois. Le prochain aura lieu à Strasbourg, du 19 au 28 juillet 2002. Strasbourg abrite en effet diverses institutions européennes (le parlement européen et la cour européenne des droits de l’homme) ainsi que le SIS (Système d’Information Schengen), noyau du système de fichage et de contrôle européen. Suivant les affinités et pôles de lutte de chacun-e, les cibles et thèmes du campement seront diversifiés (par ex : liberté de circuler, mondialisation capitaliste et immigration, patriarcat, Lois sur la Sécurité Quotidienne, antifascisme, double peine, violences policières, répression & prisons, offensives sur la liberté de communication, travail...).
Le campement donnera ainsi lieu à diverses actions (manifestations publiques, théâtre et fête de rue, initiatives en banlieues, forums et occupations, radios pirates, partages de savoirs informatiques, entre autres...) dans un soucis de complémentarité, d’échange sur les pratiques et d’expérimentation sur les modes d’organisation.
Là où le système capitaliste divise les gens, nous voulons nous unir dans un monde sans frontières. La revendication de « liberté de mouvement et d’installation  » s’insère dans la construction positive d’une autre société. La volonté d’ouvrir les frontières implique aussi de transformer radicalement les rapports Nord-Sud, de s’attaquer à la société de consommation et au capitalisme. Il nous faut pour ce faire développer ici et maintenant d’autres types d’échanges, d’autres structures politiques, économiques et sociales.
- extrait de la liste « No Border  » par Les Tanneries.
Libre circulation
Fuite d’esclaves hors des plantations et migration, deux tactiques pour une même stratégie : user de sa mobilité pour échapper à la misère, à l’exploitation et à la dépendance. Restreignant l’asile, persécutant les sans-papiers, criminalisant les migrants et leurs enfants, l’Europe forteresse qui se construit oppose toute la morgue d’une maffia de nantis à cette liberté dont se servent, partout et toujours, les opprimés pour prendre en main leur destin.
Le Système Informatisé Schengen (SIS), dont le siège se trouve à Strasbourg, est un maillon central de cette gestion répressive des migrations.
Droit d’installation
Une telle politique de fermeture aux frontières conforte le développement du contrôle social de la population ici même.
À la surexploitation terrible des sans-papiers, aux expulsions, aux discriminations, à la relégation sociale, répondent les luttes pour la régularisation de tous par des cartes de séjour de 10 ans, celles des habitants des quartiers confrontés aux menées sécuritaires de la police, les combats pour le droit au logement, auxquels le réseau des collectifs AC !, a pris part dès sa création, en 1994, comme de nombreux chômeurs et précaires.
Non au contrôle social
Aujourd’hui, contre le droit de se déplacer et de se réunir, la Loi de Sécurité Quotidienne (LSQ) prévoie des peines de prison pour qui pratique la gratuité des transports ou s’assemble dans les quartiers et les halls d’immeuble.
Pour contraindre à accepter n’importe quel emploi, un Plan d’Aide au Retour à l’Emploi (PARE) a été adopté par les partenaires « sociaux  » de L’UNÉDIC ; le gouvernement annonce maintenant une remise en cause du misérable et discriminatoire RMI visant à renforcer le pouvoir des employeurs et des institutions sociales sur les allocataires. Ce type de réformes régressives est à l’Å“uvre partout en Europe.
Revenu garanti
L’intermittence, la précarité de l’emploi, la discontinuité des droits, nous soumettent à des parcours imposés. C’est donc en tant que spoliés de l’usage de notre propre mobilité que nous serons à Strasbourg.
Seule la conquête de droits sociaux nouveaux permettra de s’opposer à un mouvement de précarisation initié depuis plus 25 ans. L’élaboration d’une Constitution européenne est amorcée. L’initiative de Strasbourg sera aussi un moment de rencontres, dans la perspective du Forum Social Européen de Florence, l’automne prochain, pour envisager la mobilisation pour un droit au revenu garanti sur un plan international.
Paris, le 5 juillet 2002
- Contact presse : Jeanne 06.63.24.17.17
AC ! - Agir ensemble contre le Chômage !
42 rue d’Avron - 75020 Paris
Tél. : 01.43.73.36.57 - fax : 01.43.73.00.03 - mail.
Traduit de l’appel de Munich du 2 décembre 2001...
Les migrations sont un fait, leur autonomie n’a pas pu et ne peut pas être soumise à des règles, comme les Etats et les institutions transnationales le voudraient.
L’émmigration est une conséquence de l’exploitation économique, de la répression politique et des guerres, mais aussi de l’intérêt légitime des gens pour trouver des conditions de vie meilleures ou différentes. La liberté de mouvement pour tous doit devenir une réalité pour laquelle nous avons à nous battre par tous les moyens nécessaires.
La liberté de mouvement a été une revendication centrale ces dernières années quand des groupes de base ont commencé à organiser les campements de noborder à différentes frontières de la forteresse Europe : contre les frontières militarisées autour de l’Europe, avec leurs armes, leurs technologies de contrôle et le soutien raciste de beaucoup de gens dans les pays d’Europe. C’est le contraire de notre rêve qui est de créer un monde sans frontières.
Nous vivons dans un système capitaliste mondial qui divise les gens. Le système d’exploitation et d’exclusion est soutenu par les frontières internes aussi bien qu’externes de la forteresse Europe ou de ce qu’on peut appeler la « Schengenie  ». Il s’appuie sur des lois racistes et sur la barbarie des détentions et des expulsions. Des milliers de gens sont morts à cause du régime des frontières.
Nous assistons actuellement à un renforcement de l’appareil répressif de l’Etat à travers le monde. Si le contrôle des populations locales et des mouvements des gens à travers les frontières n’a rien de nouveau, il s’est accéléré depuis qu’après les attaques contre le World Trade Center et le Pentagone, les gens au pouvoir ont profité du prétexte de la « guerre contre le terrorisme  » pour faire passer de nouvelles mesures de contrôle draconiennes. En Europe, après la proposition d’une police anti-émeutes européenne, nous avons maintenant le projet de mandat d’arrêt européen et l’adoption d’une législation « anti-terroriste  » commune. Sous le prétexte de « lutter contre le terrorisme  », le but véritable est d’augmenter le contrôle sur la vie quotidienne et les luttes de tout le monde.
Nous cherchons à agir concrètement contre les instruments du contrôle d’Etat dans toutes ses formes qui prolifèrent. Comme partie de cette lutte, le réseau noborder organise un campement à la frontière pendant lété 2002 à Strasbourg.
Strasbourg abrite le Système d’Information de Schengen (SIS), une pièce centrale de la machine à contrôler. Cette base de données pour la recherche et le contrôle, avec des dizaines de milliers de terminaux à travers l’Europe, vise avant tout les immigrés. Cependant, elle n’est pas utilisée seulement aux postes frontières, mais sert aussi à étendre le contrôle de l’Etat à chaque coin de rue. Le SIS peut être consulté instantanément pour déterminer si quelqu’un est recherché pour être expulsé ou arrêté, aussi bien que pour fournir d’autres informations utilisées pour surveiller les mouvements et les activités d’un individu.
Contre cet instrument de contrôle et de répression, nous voulons être présents à Strasbourg avec nos actions de protestation et notre critique des institutions européennes et des intérêts qu’elles représentent. Nous voulons travailler contre toutes les formes d’exploitation et de division, en travaillant ensemble à créer de nouvelles formes de coordination et de résistance.
Nous voulons créer une plate-forme d’échange d’information et d’expérience entre les groupes et les individus impliqués dans différentes luttes politiques dans une perspective d’émancipation anticapitaliste.
Nous voulons travailler avec les groupes autonomes d’immigrés. Nous voulons relier des gens qui travaillent avec des pratiques politiques différentes et viennent avec des expériences locales variées. Le campement inclura une diversité d’actions directes depuis les manifestations publiques jusqu’à des formes de « guérilla de communication  ». Le camp sera l’occasion d’une quantité de discussions internationales et d’ateliers et nous avons l’intention de créer pendant dix jours un laboratoire de résistance créative et de désobéissance civile.
Le campement de Strasbourg exprimera notre capacité à déterminer nos propres lieux et temps de présence, d’action et de communication. Nous invitons tous ceux qui sont intéressés à venir participer à cet événement international, à y contribuer et à le soutenir.
par l’European noborder network, le 2 décembre 2002.
- source (infos sur le campement, site multilingue).
- la plaquette de No Border à télécharger ci-dessous.
- Le site multilingue du réseau No Border.
- Renseignements généraux : le site pour faire valoir vos droits (page sur le SIS).
- LSIjolie : des infos sur la liberté de communiquer.
- Infos sur l’Europe de Schengen, pas mal de ressources juridiques et pratiques.
- Sur le site du Sénat, l’Europe de Schengen, textes votés et évalués.